…la lettre nue, 31

henriette_grindat

Lundi 16 juillet 51

Mon cher Albert,

Après avoir lu et relu votre Homme révolté j’ai cherché qui et quelle œuvre de cet ordre – le plus essentiel – avait pouvoir d’approcher de vous et d’elle en ce temps ? Personne et aucune œuvre. C’est avec un enthousiasme réfléchi que je vous dis cela. Ce n’est certes pas dans le carré blanc d’une lettre que le volume, les lignes et l’extraordinaire profonde surface de votre livre peuvent être résumés et proposés à autrui. (…) Votre livre marque l’entrée dans le combat, dans le grand combat intérieur et externe aussi des vrais, des seuls arguments – actions valables pour le bienfait de l’homme, de sa conservation en risque et en mouvement.(…) Vous avez gagné la bataille principale, celle que les guerriers ne gagnent jamais. Comme c’est magnifique de s’enfoncer dans la vérité. Je vous embrasse.

René Char

P.S. Dans la citation que vous faites de moi page 427, une erreur de frappe a fait écrire « …les deux cordes de mn arc ». Il faut lire « …les deux extrémités de mon arc ».

P.S nigaud -Je préfère être Marc Aurèle que Sylla. Oh combien !

 

…jour, 103

Zoltan Jokay

Zoltan Jokay

« De quoi souffres-tu ? De l’irréel intact dans le réel dévasté. De leurs détours aventureux cerclés d’appels et de sang. De ce qui fut choisi et ne fut pas touché, de la rive du bond au rivage gagné, du présent irréfléchi qui disparaît. D’une étoile qui s’est, la folle, rapprochée et qui va mourir avant moi. »

Rémanence, 1971, René Char