…Entre nuit & jour, une matière brute, un peu d'éclat & quelques plumes : le jour dénudé, revue singulière de la compagnie alfée, où les infimes détails sortent de l'ombre et prennent la lumière
بكأس الشراب المرصّع باللازرود انتظرها، على بركة الماء حول المساء وزهر الكولونيا انتظرها، بصبر الحصان المعدّ لمنحدرات الجبال انتظرها، بسبع وسائد محشوة بالسحاب الخفيف انتظرها، بنار البخور النسائي ملء المكان انتظرها، برائحة الصندل الذكرية حول ظهور الخيول انتظرها، ولا تتعجل فإن اقبلت بعد موعدها فانتظرها، وإن أقبلت قبل موعدها فانتظرها، ولا تُجفل الطير فوق جدائلها وانتظرها، لتجلس مرتاحة كالحديقة في أوج زينتها وانتظرها، لكي تتنفس هذا الهواء الغريب على قلبها وانتظرها، لترفع عن ساقها ثوبها غيمة غيمة وانتظرها، وخذها إلى شرفة لترى قمراً غارقاً في الحليب انتظرها، وقدم لها الماء، قبل النبيذ، ولا تتطلع إلى توأمي حجل نائمين على صدرها وانتظرها، ومسّ على مهل يدها عندما تضع الكأس فوق الرخام كأنك تحمل عنها الندى وانتظرها، تحدث اليها كما يتحدث ناي إلى وتر خائف في الكمان كـأنكما شاهدان على ما يعد غد لكما وانتظرها ولمّع لها ليلها خاتما خاتما وانتظرها إلى ان يقول لك الليل: لم يبق غيركما في الوجود فخذها، برفق، إلى موتك المشتهى وانتظرها ! …
Avec la coupe sertie d’azur, Attends-la Auprès du bassin, des fleurs du chèvrefeuille et du soir, Attends-la Avec la patience du cheval sellé pour les sentiers de montagne, Attends-la Avec le bon goût du prince raffiné et beau, Attends-la Avec sept coussins remplis de nuées légères, Attends-la Avec le feu de l’encens féminin partout Attends-la Avec le parfum masculin du santal drapant le dos des chevaux, Attends-la. Et ne t’impatiente pas. Si elle arrivait après son heure, Attends-la Et si elle arrivait, avant, Attends-la Et n’effraye pas l’oiseau posé sur ses nattes, Et attends-la Qu’elle prenne place, apaisée, comme le jardin à sa pleine floraison, Et attends-la Qu’elle respire cet air étranger à son cœur, Et attends-la Qu’elle soulève sa robe, qu’apparaissent ses jambes, nuage après nuage, Et attends-la Et mène-la à une fenêtre, qu’elle voie une lune noyée dans le lait, Et attends-la Et offre-lui l’eau avant le vin et Ne regarde pas la paire de perdrix sommeillant sur sa poitrine, Et attends-la Et comme si tu la délestais du fardeau de la rosée, Effleure doucement sa main lorsque Tu poseras la coupe sur le marbre, Et attends-la Et converse avec elle, comme la flûte avec la corde craintive du violon, Comme si vous étiez les deux témoins de ce que vous réserve un lendemain, Et attends-la Et polis sa nuit, bague après bague, Et attends-la Jusqu’à ce que la nuit te dise : Il ne reste plus que vous deux au monde. Alors, porte-la avec douceur vers ta mort désirée Et attends-la… !
L’étrange histoire du petit homme, exposition à la Mairie du 8e arrondissement, novembre 2014
»
Ballotté comme une pomme perdue, le petit homme
dévale les venelles, il est une bille multicolore. Son
visage est orange, puis vert, rouge, les néons tordent les
visages de tous ces gens qu’ils croisent. Les lumières
forment une bande passante – lui qui ne jouait qu’avec
son ombre, il devient oiseau de paradis.
Tout en haut de la ville, au plus près de la montagne,
l’homme-aux-cartons stoppe leur marche devant un
lourd portail de bois écorné. Sa main chaude se retire
de l’épaule frêle du petit homme. Elle cède la place au
souffle frais du vide. Ils sont arrivés à la maison des
enfants perdus, là où l’on dépose les petits hommes qui
n’ont pas encore grandi.
Le géant fait sonner le carillon. La mélodie est acide,
comme la salive que le petit homme peine à déglutir
lorsque qu’il ne ressent plus que le gel du niederwind.
Ses mains sont glacées, sa manche ne recouvre plus
aucun de ses doigts. Il tire dessus, et cela ne sert à
rien. Il baisse les yeux et recueille une feuille tombée du
manteau du vieil homme. Il a déjà disparu dans le noir de
la ville. Le petit homme est seul dans la nuit à entendre
le crissement des pas sur le gravier. Son coeur bat la
chamade, et porte son espoir. Le chemin de cailloux
semblent long, les pas de l’autre côté s’enfoncent
lourdement, il entend des clés tintinnabuler.
Soudain un ogre apparaît, le toise, le pousse devant lui
jusqu’à la bâtisse au bout de l’allée
« Le photographe n’aura retenu qu’une seconde de tout ce qui se sera passé sous ses yeux. Rien de comparable n’existe dans un autre domaine de la création. Cela provoque la peur – une vie de créateur ramassée en une seconde – et en même temps ne suscite aucun sentiment de frustration. Photographier, c’est traquer, obstinément. La création est cette recherche obstinée : atteindre une seule fois ce dont on s’approche sans arrêt : la beauté. Juste avant la prise photographique c’est le temps qui règne, et juste après, c’est la beauté
.
»
Denis Roche,les temps du photographe. Entretien réalisé par Pascale Mignon et Marina Stéphanoff (Erès 2006), découvert dans La montée des circonstances (Delpire éditeur)
(…) Dans la nuit passent les trains et les bateaux et le mirage des pays
où il fait jour. Les derniers souffles du crépuscule
et les premiers frissons de l’aube.
Il y a toi.
Un air de piano, un éclat de voix.
Une porte claque. Une horloge.
Et pas seulement les êtres et les choses et les bruits matériels.
Mais encore moi qui me poursuis ou sans cesse me dépasse.(…) » Les espaces du sommeil, Robert Desnos