…la lumière nue, 32

Bamiyan , sunset © Mohammad Ali Shaida/AFP (19.11.19)

« 

ô toi lune, qui t’es levée

Dans les ténèbres de la nuit,

Maintenant la lueur de ses lampes

A vaincu l’éclat du soleil.

Des mots restent, mais il est tard

Vraiment très tard, il n’est pas d’heure

Tout ce qui se perd dans la nuit,

Demain je le rattraperai.

 »

Cette lumière est mon désir, Rûmi (édition de Nahal Tajadod)

…la ligne nue, 11

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© Agathe Elieva, Fractale 93 19h41

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©A.E. Fractale 93 19h41

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©A.E Fractale 93 19h42

Porte d’Aubervilliers, quelque part entre 19h41 et 19h42, un jour entre mars et octobre, avec je ne sais plus quelle pensée dans le cœur.

…la ligne nue, 10

Bondy Phare

©A.Elieva 

« Et puis finalement un soir, c’est arrivé, les sirènes ont enveloppé d’une fréquence insupportable l’ensemble des rumeurs de la ville, de la cité, de l’impasse. L’hélicoptère a joué son contrechant/soutenu par un contreplongé de drone/captation et surveillances. On ne saura que plus tard en contretemps/postprod. une partie méconnaissable des faits. Relayés par des acteurs de 3e zone, avides de bienpensance et de sensations, nous ne reconnaîtrons rien de notre quotidien, étonnés du verdict/tristes des violences/fatigués du fatum. Ils seront assez forts pour persuader l’audience que nous n’y comprenons rien. Gens de peu que nous sommes, petites gens que nous demeurons.

Pourtant plus au Sud de la ville ce soir-là, nous veillions, impuissants et tristes. Le lendemain pourtant, nous étions déjà là, un peu plus affaiblis mais perpétuellement solidaires. Toutes nos humanités rassemblées

. »

…la ligne nue, 9

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…et ton image est mon image qui est ton image… la fenêtre allumée en plein ciel de nuit, ta fenêtre ou la mienne, qu’est-ce que nous aurions dû dire ou faire, de plus, de moins, il suffirait de se poser et d’accepter ce filage de mots simples, un semblant de début, un infime commencement, effiloché de quotidien, une écaille du mur ouest, tu as récupéré ta veste froissée, je n’ai pas osé te dire un mot, je crois bien que j’ai toussé à la place, de la fenêtre la fin de l’hiver et la poussée de chlorophylle se laissent respirer, les jours rallongent lorsque tu emportes avec toi un bout de ma joie, prends tout, je verrai bien si cela repousse comme une mauvaise herbe

…jour, 162

Daniel Boudinet

(…) Dans la nuit passent les trains et les bateaux et le mirage des pays
où il fait jour. Les derniers souffles du crépuscule
et les premiers frissons de l’aube.
Il y a toi.
Un air de piano, un éclat de voix.
Une porte claque. Une horloge.
Et pas seulement les êtres et les choses et les bruits matériels.
Mais encore moi qui me poursuis ou sans cesse me dépasse.(…) »
Les espaces du sommeil, Robert Desnos

 

…le geste nu, 19

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© Jean-François Bory, Piano solo, 1972

« …toute clarté projette une ombre…

Snorri joue presque quotidiennement à l’harmonium du Bach, du Mozart, du Chopin, mais aussi parfois des mélodies dissonantes, nées de la douleur et de la culpabilité. La musique n’a pas son pareil. Elle est la pluie qui arrose le désert, le soleil radieux qui illumine les coeurs, elle est la nuit qui console. »

Entre ciel et terre, Jón Kalman Stefánsson