
L’étrange histoire du petit homme, exposition à la Mairie du 8e arrondissement, novembre 2014
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Ballotté comme une pomme perdue, le petit homme
dévale les venelles, il est une bille multicolore. Son
visage est orange, puis vert, rouge, les néons tordent les
visages de tous ces gens qu’ils croisent. Les lumières
forment une bande passante – lui qui ne jouait qu’avec
son ombre, il devient oiseau de paradis.
Tout en haut de la ville, au plus près de la montagne,
l’homme-aux-cartons stoppe leur marche devant un
lourd portail de bois écorné. Sa main chaude se retire
de l’épaule frêle du petit homme. Elle cède la place au
souffle frais du vide. Ils sont arrivés à la maison des
enfants perdus, là où l’on dépose les petits hommes qui
n’ont pas encore grandi.
Le géant fait sonner le carillon. La mélodie est acide,
comme la salive que le petit homme peine à déglutir
lorsque qu’il ne ressent plus que le gel du niederwind.
Ses mains sont glacées, sa manche ne recouvre plus
aucun de ses doigts. Il tire dessus, et cela ne sert à
rien. Il baisse les yeux et recueille une feuille tombée du
manteau du vieil homme. Il a déjà disparu dans le noir de
la ville. Le petit homme est seul dans la nuit à entendre
le crissement des pas sur le gravier. Son coeur bat la
chamade, et porte son espoir. Le chemin de cailloux
semblent long, les pas de l’autre côté s’enfoncent
lourdement, il entend des clés tintinnabuler.
Soudain un ogre apparaît, le toise, le pousse devant lui
jusqu’à la bâtisse au bout de l’allée
.
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L’étrange histoire du petit homme, Agathe Elieva © Rémy Disch et Lorène Soudier