…la racine nue…
Parce qu’ici on a des lubies, on tâtonne, on cherche la forme,
on jette au ciel quelques galets polis
on prend le temps de voir
.
https://lejourdenude.wordpress.com/2014/03/02/la-racine-nue-1/
«
J’entends la tôle.
Je suis ton témoin à charge, tu me fuis, m’évites, me dissous dans les canalisations acides de ta mémoire,
peau soulevée, jours à vif, éclats de rire – ils ont existé – et main baladeuse.
J’entends la tôle.
Raclure de bitume, soulèvement du goudron brûlant, entaille rouge vif, boursouflure de chair – je suis l’ombre dans la cage d’ascenseur, entre deux vies, machine en panne, érection suspendue à la surprise d’une nouvelle jeunesse. Témoin à charge de qui tu es, de qui tu es devenu, de qui tu te rapproches, de qui tu fuis. A charge. J’entends la tôle et tu m’éjectes
.
Il y a longtemps maintenant, l’orage. Les langues enroulées dans l’orage et la salive de l’orage
.
Je n’ai rien à dire. Plus le temps passe, plus le mot disparait. Les mensonges ont alors tout le loisir d’envahir la ville. Toute la ville. Toute à toi. Mon exil. J’entends la tôle et le métal des serrures. Petits bruits froissés, faisant frissonner la peau, grincer les dents, une cymbalette qui se voudrait méditative, juste un son trop long comme un amour sans toi. Les clés cognant les unes contre les autres, petites mesquineries alignées les unes par-dessus, par-dessous, les autres
. »
L’exil de la soie, Agathe Elieva
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« l’air de rien, de ce qui pousse des racines nous cache et nous masque
gratter la terre redessiner les contours, du corps, de ce qui le masque le protège, sous bulle sous cloche sous verre
sous les ongles soulever parcelle de mousse et boule de sol
l’odeur des racines ainsi que la mort
un petit air de rien, un petit bout encore
la peau mise au vent et l’esprit en éveil
je palpe la solitude et la mémoire, quelques racines plus tard envisagées envisageables faire tomber le masque le loup dévoiler ton visage, un peu de la vie mise à nue le rythme de la frappe j’accorde ta parole au son de tes mensonges
racine nue
écarlate
. »
© A.E.
© Bill Brandt