…jour, 169

© Olivier Seignette
...
"Une bretelle d'autoroute, une grue surveillant une carcasse de béton, des saules pleureurs essoufflés, un pont, des pavillons tristes, un talus sablonneux, et le train prend de la vitesse. De ce voyage, je retiendrai ce sempiternel goût de cendre glacée, celui de tous mes voyages. Celui des retours loin de toi, des abandons, et de l'automne. J'aime aussi ce goût, puisqu'il m'apprend que je suis pauvre, et que je suis seul. C'est bien écoeurant. Il y a si longtemps que je cherche à m'expliquer. Il y a si longtemps que je n'écris qu'à toi, pour ne pas être lu. 
J'ai beau m'éloigner, rien ne me rapproche. Tu penseras encore que je sacrifie à la pire littérature, et tout sera dit. 
(...)
Je devrais pouvoir saisir, retenir et fixer chaque détail du paysage, afin de te l'offrir comme une part de moi. Mais c'est impossible. Et cependant c'est bien cela, le ciel de la province, les longs mouvements des champs entre les haires, l'éclat d'un toit luisant de pluie tout au fond d'un vallon, c'est cela que je m'étais promis de te donner comme on lègue une fortune."

Cavale, Jean-Claude Pirotte
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A propos le jour dénudé

…Entre nuit & jour, une matière brute, un peu d'éclat & quelques plumes : le jour dénudé, une revue nue et singulière au fil des heures, petits détails infimes sortant de l'ombre. Il y a le jour dénudé, le journal & son travail d'écriture. Il y a aussi quelques thèmes. Parce qu'ici nous avons des lubies, on cherche, on tâtonne, on écoute les résonances, entre le sonore et l'insonore, dans l'espoir jamais tari de nouvelles contributions croisées (de l’œil, des sens, une idée). Direction artistique & crédits photographiques (sauf mention autre) : Agathe Elieva